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2014/08/31

Frida Kahlo..Une vie surréaliste


 Frida Kahlo..Une vie surréaliste

 
by Nickolas Muray

Il existe sur elle un excellent film mexicain réalisé par Paul Leduc, un beau roman de Le Clézio intitulé Diego et Frida , un passionnant essai de Carlos Fuentes en introduction à son Journal intime, sans oublier de nombreuses études d'historiens de l'art qui se sont attachés à situer son oeuvre par rapport à l'art populaire mexicain, au surréalisme, au communisme ou au féminisme. C'est pourquoi il ne me semblait pas nécessaire d'ajouter à tout ce qui a été écrit sur elle. D'autant moins que ses tableaux disent très bien ce qu'ils veulent dire, même s'ils le font de manière mystérieuse.


By Nickolas Muray

Qui est Frida Kahlo ?
Le 12 décembre, une exposition au musée de l’Orangerie à Paris l’œuvre de Frida Kahlo, peintre révolutionnaire mexicaine et celle de son compagnon Diégo Rivera. L’historien Pierre Clavilier, auteur d’une biographie remarquée de l’artiste, sera à nos côtés pour faire revivre cette figure essentielle de la peinture du XXème siècle.
Frida Kahlo, June 15 1919

Née en 1907, issue de la petite bourgeoisie mexicaine, la jeune fille montre très tôt des dispositions intellectuelles remarquables. En ces temps où l’éducation n’est souvent réservée qu’à une petite élite masculine, Frida suit des hautes études en médecine et en sciences naturelles. Très jeune elle veut bousculer les codes d’une société mexicaine inégalitaire, néocoloniale et machiste. 
Déjà affectée par plusieurs problèmes récurrents de santé, Frida est victime d’un très grave accident de bus en 1925. Ayant miraculeusement échappé à la mort, la jeune femme, alors âgée de 18 ans, en garde de durables séquelles. C’est lors de sa convalescence qu’elle se met à peindre des autoportraits. Sa peinture semble revendiquer les origines indiennes de son pays natal et les couleurs vives font songer au passé aztèque du Mexique.


Frida Kahlo et Diégo Rivera 

Elle rencontre Diégo Rivera en 1928 et rejoint le parti communiste mexicain. Alors au faîte de sa gloire, le peintre est connu pour ses prises de positions anticléricales et pour ses représentations murales de la vie du peuple et des travailleurs. Bien que son aîné de 21 ans, Rivera s’enthousiasme pour les œuvres de Frida, le couple s’influence mutuellement et leur art gagne en puissance et en maturité. Ils partent s’installer aux Etats-Unis en 1931. Frida y souffre des infidélités de Diégo et de plusieurs fausses couches causées par son accident de bus. Elle ne parviendra jamais à avoir d’enfant. Elle s’enfonce dans la déprime et peint des tableaux très noirs. Elle obtient de Rivera de rentrer au Mexique fin 1933. Ils s’installent alors à la maison bleue de Coyacan où Frida a grandi et où elle apprécie la lumière et la douceur de vivre. 

 
Frida Kahlo and Hungarian-born photographer Nickolas Muray
ils sont restés bons amis jusqu'à sa mort en 1954.






Exclu du Parti communiste pour opposition à la ligne stalinienne, Diégo Rivera se tourne vers le trotskysme et la IVème Internationale, il entraîne Frida dans son sillage. Le couple s’enthousiasme également pour le nouveau Président mexicain Lazaro Cardenas. Issu des rangs d’une gauche modérée, Cardenas radicalise sa politique à partir de 1935-1936. Frida et Diégo soutiennent ses efforts pour sortir le Mexique de sa dépendance à l’égard de l’impérialisme nord-américain, pour rendre au peuple la propriété de ses ressources naturelles et pour une réforme agraire offrant aux paysans pauvres des moyens de subsistance dignes de ce nom. Rivera intercède auprès de Cardenas pour que le Mexique offre l’asile politique à un Léon Trotski chassé d’URSS et persona non grata en France. Le révolutionnaire sans patrie débarque au Mexique et s’installe à la maison bleue en janvier 1937.


Frida Kahlo et Léon Trotsky
Frida admire le proscrit, une liaison brève mais passionnée commence entre elle et le créateur de l’Armée rouge. Elle lui dédicace un autoportrait plein de tendresse en 1937. Le logement de Frida et Diégo est alors une véritable ruche où viennent échanger intellectuels, militants révolutionnaires et artistes. André Breton, fondateur du mouvement surréaliste, de passage à Mexico, loge chez eux et écrit des textes élogieux sur les toiles de Frida. 

By  Nickolas Muray

Les relations au sein du couple sont orageuses et les disputes nombreuses. Rivera se fâche avec Trotski fin 1938 puis demande le divorce. Un temps séparé, le ménage se reforme en 1940. La santé de Frida se dégrade rapidement. Elle continue à peindre mais s’éloigne de l’engagement politique tandis que Diégo se rapproche à nouveau du parti communiste. De plus en plus affaiblie, Frida sort peu de son atelier. Son œuvre commence à être célébrée au Mexique et aux Etats-Unis. Epuisée, amputée de la jambe gauche en 1953 puis atteinte d’une pneumonie, elle s’éteint l’année suivante le 13 juillet 1954 dans sa maison de Coyoacán à l’âge de 44 ans.

By Nickolas Muray
Vie de souffrance qui saute aux yeux lorsque l'on regarde ses peintures. Elle aura ainsi réalisé plus de 70 autoportraits (seul Rembrandt aura été plus prolifique), traités de toutes les manières possibles. Elle aura été en quelque sorte le propre sujet de son œuvre. Un drôle de visage, méditerranéen, les cheveux noirs et les yeux noirs, « comme magnétiques ». Et ces fameux sourcils « en forme d'aile d'oiseaux » qu'elle ne manque pas de souligner dans presque tous ses autoportraits. Se savait-elle belle au point de vouloir amoindrir sa beauté, se sachant condamnée à ne jamais en profiter pleinement ? 

By Nickolas Muray
Mais, plus que cela, c'est son besoin d'enracinement, d'appartenance, que l'on perçoit, surtout lorsqu'elle se trouve à l'étranger, et qui se dégage de son travail lorsqu'on le met en perspective. Loin de la folie, elle tente de triompher de ses propres contradictions. Derrière cet amour pour son pays et de ses origines, c'est la question de son identité, et de l'identité de tout mexicain à laquelle elle tente de répondre dans ses œuvres, comme dans

« Les Deux Frida », peinture surprenante qu'elle destinait à Diego et dont le message est clair : elle montre là son impossibilité de choisir entre Frida« la moderne », et habillée comme telle, et Frida la « traditionnelle »... celle que préférait Diego.

« Les Deux Frida » par Frida Kahlo
Ses oeuvres:

Seul un petit nombre des tableaux de Frida sont peints sur toile : la plupart le sont sur métal ou sur masonite, à la surface aussi lisse que celle du métal. Pour préserver l'intégrité de sa vision, il lui a fallu peindre sur une surface aussi lisse que la peau. Même les jours où la douleur ou la maladie la clouaient au lit, elle passait, chaque matin, des heures à sa toilette et, chaque matin, elle annonçait : « Je m'habille pour le paradis ! ». On imagine sans peine le reflet de son visage dans le miroir, les sombres sourcils qui se rejoignaient naturellement et que son khôl accentuait et métamorphosait en parenthèse noire surplombant ses deux yeux indescriptibles (des yeux dont on ne se souvient que si l'on ferme les siens !).


Autoportrait par Frida Kahlo
Surprenante Frida Kahlo. On ressent souvent un malaise en regardant ses peintures étranges, souvent maladroites, mais c'est alors qu'il faut tenter de la comprendre. Sa vie, malgré sa perpétuelle souffrance physique, n'en était pas moins gaie et active. Et même, on lui reconnaissait un tempérament plutôt optimiste. Et un fort caractère qui contrastait avec son apparente gentillesse. Il faut dire qu'avec Diego Rivera, il fallait en avoir. Un modèle pour beaucoup de femmes. Certains la considère même comme une sainte. Il ne faut pas voir dans ses portraits où elle s'enlaidit outrageusement une forme de surréalisme, mais bien plutôt une marque de franchise et même de naïveté. On lui voue un véritable culte, et il n'est pas vraiment facile de juger objectivement de sa peinture. Peut-être est-ce parce qu'elle perpétue à sa manière un art typiquement mexicain. Un art puissant, partant de la vie, cherchant ses secrets, marqué par la couleur et la naïveté, mais dont le fond reste sombre, marqué par la mort et la souffrance.
Autoportrait par Frida Kahlo

Recoudre une blessure:

POUR exprimer ses sentiments et sa nostalgie ontologique, Frida a peint diverses parties du corps, coeur, utérus, glandes mammaires, colonne vertébrale : ce symbolisme corporel fait l'objet, depuis longtemps, de nombreux commentaires. Il est vrai qu'elle en a usé comme seule une femme pouvait le faire et comme nul autre ne l'avait fait avant elle (même si, à sa façon, Diego a, lui aussi, parfois eu recours à un symbolisme de cet ordre). Mais l'essentiel n'est pas là : sans sa manière très particulière de peindre, ces symboles seraient restés des curiosités surréalistes. Or cette manière renvoie au sens du toucher, le toucher redoublé de la main et du support conçu comme une peau.

La sensibilité de son propre corps mutilé lui a fait prendre conscience de la peau de tout ce qui vit, arbres, fruits, eau, oiseaux et, bien sûr, autrui, homme et femme. Si bien que, en peignant sa propre image pour ainsi dire à même la peau, c'est le monde sensible tout entier qu'elle exprime.

Frida Kahlo *self portrait with the portrait of doctor Farill (1951)
Qu'elle soit devenue une légende universelle tient en partie au fait que, en ce siècle enténébré par le nouvel ordre mondial, partager la souffrance est devenu une des conditions préalables essentielles pour recouvrer dignité et espoir. Il est beaucoup de souffrances impossibles à partager. Mais la volonté de partager la souffrance, elle, peut être partagée. Et ce partage, inévitablement insuffisant, suscite une résistance. Donnons encore la parole à Juan Gelman : L'espoir nous fait souvent défaut la douleur, jamais. C'est pourquoi certains pensent que mieux vaut une douleur connue qu'une douleur inconnue. Ils croient que l'espoir est illusion. La douleur les floue.

Frida Kahlo n'a jamais été flouée. En travers de son dernier tableau, peint juste avant de mourir, elle a écrit : « Viva la Vida » (Vive la vie).



By Nickolas Muray


Chronologie:

*1907 : Naissance le 6 juillet à Coyoacan. *
1913 : Malade de la polyomyélite.
*1922 : Prépare des études de médecine.
*1925 (17 sept.) : Grave accident dans un bus.
*1928 : Inscription au parti communiste mexicain.
*1929 : Mariage de Frida et de Diego.
*1930 : Premier avortement de Frida.
*1932 : Deuxième fausse couche et mort de sa mère.
*1933 : Le couple part à New-York quelques mois et revient à Mexico, dans leur nouvelle maison.
*1934 : Dernière fausse couche et liaison entre sa soeur et Diego. Elle s'en va quelques temps du domicile de San Angel.
*1937 : Ils hébergent Trotsky.En 1937, Diego réussi à accorder l'asile politique à Trotsky qui sera alors hébergé dans leur maison bleu de Coyoacán. Frida et Trotsky on eu une liaison que l'on dit passionnée, et celle-ci lui dédicace un tableau à l'occasion de son anniversaire, où elle se montre à son meilleur jour. André Breton et Jacqueline Lamba profitent de venir à Mexico pour rencontrer Trotsky, ils vont donc du même coup faire la connaissance du fameux couple mexicain. Trotsky sera assassiné deux ans plus tard à coup de pic à glace... (août 1940).
*1939 : Exposition à Paris, puis de retour à Mexico, le couple divorce.
*1941 : Ils s'installent dans la "maison bleue" après s'être remarié en 1940.
*1950 : Elle subit 7 opérations successives de la colonne vertébrale.
*1953 : Elle participe à sa première exposition à Mexico.
*1954 : Elle meurt le 13 juillet.
(Frida Kahlo 1907 - 1954)



Frida Kahlo *self portrait 1937

1 commentaire:

muhammad solehuddin a dit…

معلومات جميلة !! لا أستطيع الانتظار إلى رسالتك التالية!
تعليق بواسطة: muhammad solehuddin
تحيات من اندونيسيا